De la magnificence d’Angkor, l’ancienne capitale de l’Empire khmer, il ne reste pas seulement les plus beaux temples d’Extrême-Orient, vertigineuses cathédrales surgissant de la jungle tropicale. Un art sacré, la danse, a survécu à l’effondrement de l’Empire au XVe siècle, à la colonisation et même au génocide khmer rouge. Cet art aurait disparu s’il ne touchait pas à l’identité même du Cambodge. Il est l’âme d’un peuple. Grâce à l’obstination des quelques survivants, les Apsaras, ces fameuses danseuses célestes sculptées sur les murs d’Angkor Vat, sont à nouveau les intermédiaires entre les dieux, le roi et le peuple khmer. La fille aînée du roi Norodom Sihanouk, la princesse Buppha Devi, était danseuse étoile dans les années 1960. Elle est aujourd’hui ministre de la Culture du royaume. Sous sa direction, le Ballet royal a retrouvé sa splendeur d’antan. Pendant quatorze ans, le photographe Christophe Loviny a suivi cette résurrection. Il est revenu chaque année s’installer pendant quelques semaines, quelques mois, dans l’unique village encore habité au c?ur de cette cité perdue que les dieux-rois khmers façonnèrent dans le grès. Finalement, grâce à l’aide de la princesse Buppha Devi, il a pu photographier les parties les plus importantes du répertoire dans le lieu même où officiaient les ancêtres des Apsaras. Des statues de pierre aux ballerines du Ballet royal contemporain, la danse sacrée est le fil conducteur pour découvrir non seulement Angkor mais aussi comprendre un pays dont le seul nom évoque une danseuse. L’auteur a retrouvé d’extraordinaires photos inédites des temples ensevelis sous la jungle ainsi que des dessins peu connus d’Auguste Rodin et de George Groslier. Etayé par les textes des plus grands spécialistes khmers, français et américains - Suppy